L’inscription des plaques Michelin, plaques de cocher et autres vestiges routiers au sein de la Base Palissy serait une première étape pour la reconnaissance officielle de ce petit patrimoine routier. Une démarche simple mais dont le caractère officiel pourrait faire prendre conscience de leur caractère historique, un premier pas vers leur préservation.
Mais qu’est-donc que la Base Palissy ? L’une des bases documentaires faisant partie de l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel.
L’INVENTAIRE GÉNÉRAL DU PATRIMOINE CULTUREL
Fondé en 1964 par André Malraux, l’Inventaire Général du Patrimoine Culturel « recense, étudie et fait connaître les éléments du patrimoine qui présentent un intérêt culturel, historique ou scientifique ».
L’Inventaire est une recherche de terrain qui observe, analyse et décrit les œuvres « in situ » en s’appuyant sur les sources d’archives et la bibliographie disponible. Aussi chaque opération d’inventaire procède-t-elle par aire d’étude, fraction du territoire national qui sera explorée systématiquement, soit en s’attachant à toutes les composantes du patrimoine (opération topographique), soit à une seule de ses composantes (opération thématique).
Les bases de données documentaires forment un ensemble cohérent organisé en 7 bases de données, interrogeables indépendamment et de manière transversale d’une base à l’autre.
La base de données qui nous intéresse ici est La base Mobilier – Palissy. Elle recense des objets mobiliers dont l’édifice de conservation peut, lui aussi, être étudié dans la base Architecture – Mérimée. Par exemple une plaque directionnelle en fonte est recensée dans la base Palissy, le bâtiment qui l’abrite peut l’être dans la base Architecture – Mérimée.
En outre une base Images – Mémoire – contient des images fixes dont certaines illustrent les notices d’œuvres de Mérimée et de Palissy.
Ces bases de données sont alimentées en permanence et consultables en ligne sur le site du Ministère de la Culture: http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/patrimoine/index.htm
Les dossiers d’inventaire sont produits par les services régionaux en charge de l’inventaire au sein des conseils régionaux ainsi que, ponctuellement, par des chargés d’étude sur une thématique nationale. Le choix de l’aire d’étude et de ses limites, celui des partenaires et des procédures à mettre en œuvre pour chaque opération fait l’objet d’un cahier des clauses scientifiques et techniques, projet scientifique qui fixe les enjeux et les moyens, et permet une bonne utilisation des résultats ainsi que leur évaluation. En d’autres termes, on ne fait pas n’importe quoi et on procède avec ordre !
Un point important: l’Inventaire général est une entreprise documentaire qui n’entraîne aucune contrainte juridique ou réglementaire : les résultats des opérations, mis en forme selon des normes qui les rendent comparables, consultables et utilisables par tous, ont vocation à enrichir la connaissance d’un patrimoine commun pour décider ensemble de son avenir. Ce n’est pas le recensement d’un mobilier qui remettra en cause son appartenance et ne créera aucune contrainte de valorisation ou d’entretien.
LA BASE PALISSY
La Base Palissy est donc celle qui permettrait de recenser les panneaux indicateurs (TS*) (et par extension les poteaux indicateurs porteurs de panneaux indicateurs); ils font parti du groupe Mobilier Monumental ou de l’Espace Extérieur (TT*) et du sous-groupe Edicule ou Mobilier de l’Espace Public ou du Génie Civil (TG*). Sa définition dans la base Thésaurus ( qui fédère l’ensemble de ces bases par un vocabulaire commun) est:
Plaque, positionnée à un carrefour ou le long d’une voie, indiquant la direction et parfois la distance des lieux accessibles à partir du point où l’on se trouve. Elle peut être dotée d’un éclairage propre.
Nous trouvons dans ce même sous-groupe les bornes, les bornes routières, les plaques toponymiques, les repères de nivellement… enfin tout ce que les passionnés de la route et de ses vestiges aiment !
*TT : terme de tête TG : terme générique TS : terme spécifique
L’ALIMENTATION DE LA BASE PALISSY
L’alimentation de la Base Palissy ne peut se faire que sous l’égide des Régions. Et non pas par n’importe quel quidam, même pétri de bonnes intentions, qui très vite pourrait se considérer comme le seul habilité à le faire…
Force est de constater que les panneaux indicateurs et bornes n’encombrent pas cette base de données qui néanmoins comporte 350 000 notices dont 90000 sont illustrées. Il est vrai que la mise en oeuvre de cette thématique ne peut se faire que dans le cadre du développement régional de nouveaux objets patrimoniaux. Comme il est dit plus haut le cadre restreint de mise en oeuvre est une garantie de sérieux.
Concrètement, le support de recensement, si il est formalisé, est accessible à une commune ou communauté de commune, voire à un particulier, sans forcément à avoir à se livrer à une étude historique pointue : prenons l’exemple d’un panneau indicateur apposé sur une maison particulière, le cas le plus courant pour les plaques directionnelles. Voici, au minimum, ce qu’il faut indiquer sur la fiche:
- La désignation de l’objet: ici panneau indicateur (mais cela pourrait être Mur Michelin ou borne kilométrique) A noter: le terme « plaque de cocher » ne correspond à rien en terme patrimonial, c’est un néologisme qui n’est pas classifiant.
- la technique de fabrication: ici Fonderie avec lettres en relief d’un seul jet (pour bien montrer que l’on sait de quoi on parle !)
- Le matériau utilisé: par exemple: fonte de fer
- Auteur: il s’agit du nom du fondeur ou de la fonderie (par exemple Bouilliant ou Varigney)
- Emplacement: tout simplement l’adresse physique où se situe cette plaque. On peut aussi pour un mât de campagne ou une borne Michelin ou autre stipuler les coordonnées gps.
- Édifice: s’il a fait l’objet d’un recensement dans la base Architecture (voir plus haut), le préciser.
- La date, le siècle: fin XIXème par exemple, et une année si il y a trace aux archives pour les plaques directionnelles en fonte, pour les Michelin dont la date est inscrite… et bien cette date évidemment..
- Les dimensions, l’état (traces de peintures ou autre) doivent être précisés. Mauvais état, rouillé etc
- La description de l’objet: plaque en fonte maintenue sur mur par 4 pitons etc etc…
- Inscriptions: une partie importante car ce sont bien les inscriptions qui font unicité de cet objet.
- Protection: si cet objet est protégé préciser la date de protection (à noter qu’une demande de protection ne peut se faire qu’avec l’accord du propriétaire, dans le cas d’une plaque sur une maison particulière, la plupart du temps, le propriétaire de la maison).
- Propriété de l’objet en question: en théorie, pour les plaques: commune ou propriétaire. (bien souvent, les plaques sont tombées -faute d’intérêt par les pouvoirs publics- dans le domaine privé). Pour les poteaux sur la voie publique, en théorie, les départements ou les communes.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, tout renseignement permettant de désigner la plaque entre 1000 est le bienvenu !
Voici en ligne une plaque directionnelle en fonte dans la base, c’est la seule de ce type, elle a été saisie en 2003:
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM09000313
Également une plaque Michelin, saisie en 1988, sans photographie:
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM78001364
Et une borne routière Michelin, la seule:
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM09002096
La balle est dans le camp des Conseils Régionaux et leur service culturel, la tâche est immense certes, mais même partielle, une classification des ces vestiges routiers serait un premier pas vers une reconnaissance patrimoniale.