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La Mendicité au XIXème dans le Pas-de-Calais

-La plaque d’interdiction de mendier d’Étaing date d’environ 1853-

Pour interdire la mendicité il fallait un dépôt

Dans la première réunion plénière du Conseil Général du Pas-de-Calais de l’année 1840,  un rapport concernant le projet de construction d’un dépôt de mendicité dans le département (ainsi qu’un service des aliénés) est exposé. A la suite de quoi les villes d’Arras et de St Pol proposèrent gracieusement des bâtiments,  le Conseil d’arrondissement de St Omer demandant quand à lui que ce dépôt soit placé dans les garennes d’Heuringhem.

Il est en effet considéré (par certains membres du Conseil) que le seul moyen d’éradiquer la mendicité est la construction d’un dépôt, non pas pour le bien être des mendiants, mais parce qu’il serait alors possible de condamner les mendians (sic) qui parcourent incessamment les villes et les campagnes, qui font le métier de mendier et qui sont la terreur des petites localités. 

Sur le fond ils ont raison quand à l’interdiction de mendier, en effet l’article 2 du Titre 1 du décret Impérial du 5 juillet 1808 spécifie que les mendiants de chaque départements seront arrêtés et traduit dans le dépôt de mendicité dudit département aussitôt que le dit dépôt sera établi (…)

Mais, si 59 dépôts ont été créés en France suite à ce décret, en 1829 n’en subsistent que 6. Et dans le Pas-de-Calais aucun, telle était la raison pour laquelle cette création fut envisagée dés 1840.

Après Arras et St Pol, en 1843, un certain nombre d’autres communes se portèrent  volontaires pour accueillir ce dépôt de mendicité mais  la décision d’ajourner sa mise en place est néanmoins prise. Pour couper court à ces tergiversations, par ordonnance royale du 5 juillet 1846, le dépôt de mendicité de Montreuil-sous-Laon (Aisne) est affecté à recevoir les mendiants du Pas-de-Calais. Il était en effet possible de passer un accord avec un département voisin afin de se conformer à la circulaire de 1808 précitée. 

L’arrêté préfectoral du 1er février 1847 interdit la mendicité dans le Pas-de-Calais.

L’arrêté préfectoral du 1er février 1847 interdit donc la mendicité dans le Pas-de-Calais. En 1851, il avait été acté avec l’Aisne que le dépôt de mendicité de Montreuil pourrait accueillir 150 indigents au prix de 0,80 frcs ou 0,70 /jour. Ces prix augmentèrent par la suite mais l’accord fut renouvelé. 

-Le dépôt de mendicité de Montreuil-sous-Laon pouvait accueillir 5 ou 600 personnes-

Archives départementales de l’Aisne côte 8 Fi 905 – Ancienne abbaye de Montreuil ayant abritée le dépôt de mendicité du département de l’Aisne. – 9 avril 1875

Si le département était en accord avec le décret Impérial lui permattant d’interdire la mendicité, il restait tributaire d’un autre département, en l’occurence l’Aisne.  En outre, l’arrêté préfectoral de 1847, compte tenu de la situation en France, notamment la crise agricole qui impacte les campagnes, fut vite oublié. Mais la volonté d’éradiquer la mendicité demeurait. 

Aussi, en 1853, il fut spécifié par circulaire que la mendicité pourrait être interdite au niveau communal à la condition que la dite commune vote au sein des Conseils Municipaux des fonds aux ouvrier valides pendant la saison creuse d’une part, l’assurance des secours aux malades, infirmes et enfants d’autre part. On peut penser que la ville d’Étaing  remplissait ces obligations quand elle apposa sa plaque. 

1856 : le Pas-de-Calais crée son propre dépôt de mendicité à Arras

La volonté de gérer sa misère l’entraîna également à créer son propre dépôt. Ainsi en 1856,  le Conseil Général demande que la maison de refuge d’Arras fut mise à l’usage de dépôt départemental de mendicité (1). Cette demande après modifications du projet initial à la demande du Ministère de l’Intérieur (notamment la création d’un bâtiment réservé aux femmes par la location de bâtiments annexés) fut acceptée en 1857

Le dépôt de mendicité ainsi créé avait toutefois une capacité d’accueil réduite à 30 hommes et 30 femmes. En 1860, le nombre de pensionnaires n’était que de 19. Il faut dire que la peur du régime d’hébergement contribua largement à décourager les mendiants, le séjour forcé ayant une durée indéterminée. En 1886, ce dépôt ne recevait que des hospitalisés, c’est à dire des indigents dans l’incapacité de travailler. Puis les Ponts & Chaussées y trouvèrent une main d’oeuvre affectée à l’entretien des routes (2). Il était à la Maison du Refuge d’Arras (3).

 

(1) En 1765, les États d’Artois financèrent une maison de confrérie à Arras afin de l’aménager en dépôt pour les mendiants.

(2) Mendiants et vagabonds : économie sociale / Louis Rivière Rivière, Louis (1845-1922)

(3) La Maison du Refuge fut fondée par Jacques-François Dudouit, Maire de 1830 à 1837 – ouverte à la misère, ou l’ouvrier sans travail pouvait trouver du pain et un toit.

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