Histoire de plaques

 

– Histoire de plaques –

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Tout a commencé le 5 avril 1833

 

 

 

 

 

Une circulaire aux préfets émanant d’un certain Legrand, Directeur des Pont et Chaussées et des Mines, préconisait d’installer des panneaux indicateurs sur le bord des routes. Il n’existait en effet que des bornes royales mises en place sous Louis XV à partir de 1745. Elles sont implantées toutes les mille toises, soit environ 2 kilomètres.

 

Nous retrouvons cette circulaire sur l’Annale des Ponts et Chaussées ci-dessous.

Novembre 1813 Couv

 

 

 

 

 

1835, les Routes Royales concernées

 

 

 

 

La circulaire émanant toujours du Directeur des ponts et chaussées et des mines mettant en place les panneaux indicateurs (dits aujourd’hui plaques de cochers) date du 15 avril 1835. On retrouve cette circulaire sur le supplément du tome 6 du code des ponts et chaussées publié en 1836, ci-dessous.

Il s’agissait donc de consteller la France de l’épôque de panneaux indicateurs facilement identifiables, à la fois aux croisements en dehors des bourgs mais également à chaque sortie de bourgs ou villages. 

Un distingo était fait entre les poteaux et les tableaux.

Mais seules les Routes Royales étaient concernées, aux croisements avec des routes Départementales. Une préconisation pour l’extension de cette mesure aux routes Départementales était néanmoins suggérée. 

Une seule couleur était alors préconisée: le fond bleu avec les lettres blanches

Les poteaux à l’extérieur des villages pouvaient être en bois, en pierre ou en fonte. Le choix du matériau étant laissé à l’initiative des conseils généraux, le coût était un des critères de choix, mais aussi la proximité de fonderies en ce qui concerne l’emploi de la fonte. 

Les tableaux  devaient être peints sur les murs, ou éventuellement sur un enduit de mortier. On est loin de la plaque de cocher en fonte qui allait apparaître quelques années plus tard.

Il y avait un dessin annexé à cette circulaire, sa reproduction ci-dessous est partielle mais donne quelques indications notamment sur les dimensions envisagées.

A gauche un poteau en bois, hauteur 2m70. A gauche un poteau en « fonte de fer »,

avec une hauteur également de 2m70 mais dont le mât mesure 2m50 et surmonté par une entête de 20 cm.

 

Il subsiste peu de tableaux indicateurs peints sur les murs ou sur un enduit de mortier. 

 

 

Un tableau indicateur enduit de mortier lettres peintes (commune de Berchères-sur-Vesgres en Eure-et-Loir) Photographie de Jean-Marie LECOEUR.

 

 

Quand aux poteaux indicateurs en pierre ils se présentaient souvent sous la forme de colonnes sur lesquelles étaient gravées les indications concernant les voies et distances:

 

Toutes les indications sur ces poteaux en pierre se retouvent sur les plaques de cocher

Photos prise par Gilles Deligny dans le département de l’Indre.

 

Il faudra attendre l’année 1846 pour voir apparaître les premières plaques en fonte avec lettres en relief.

1846 tentative d’harmonisation et dépôt de brevet pour les plaques avec lettres en relief

 

 

 

 

 

 

C’est en effet le 8 aôut 1846 que Charles Henri Bouilliant dépose un brevet à la Préfecture de la Seine: il avait créé ce qu’il appelait laconiquement un « Genre de plaques d’inscription en relief ».

Il s’agissait effectivement de lettres en relief coulées (fond et lettres d’un seul jet) en fonte de fer, zinc, cuivre ou tout autre métal fusible. Pendant 15 années toutes les panneaux indicateurs (aujourd’hui appelés plaque de cocher) et les poteaux indicateurs en fonte avec les lettres en relief que nous connaissons sortirent de sa fonderie: son brevet lui assurait ce monopole pendant 15 ANS !

 

Cette même année 1846, Jules Cambacérès et Dumas (ingénieur des Pont & Chaussée dans la Sarthe) publient dans le Bulletin des Chemins Vicinaux deux notes, l’une portant sur les techniques, déjà mises en place sur le territoire national, d’implantation des poteaux et des tableaux, l’autre sur les teintes qu’ils souhaiteraient harmoniser en fonction de la classification des chemins. 

Bouilliant s’inspirera largement des préconisations de Cambacérès et de Dumas pour la mise en oeuvre de ses tableaux et poteaux, notamment pour les couleurs à adopter selon le type de voies. 

Néanmoins, toute latitude ayant été laissé aux Conseils Généraux pour choisir poteaux en bois ou en fonte ou plaques en fonte ou mortier, nombreux sont ceux qui, dans un souci d’économie, ont opté pour le moins onéreux. A titre indicatif, en 1846, un poteau en fonte coûte 75 Frs, une plaque en fonte 10 Frs. Mais la longévité a été évaluée à 20 ans pour le bois, indéfinie pour la fonte. Par comparaison, c’est dans cette même période que les écoles laïques ont été mises en place dans les campagnes (Loi Guizot) et le traitement d’un instituteur était à l’épôque de 200 Frs / an, à la charge des communes; mais de nombreuses communes ne pouvaient subvenir qu’a hauteur de 60 à 100 Frs, le reste étant à la charge du départment. Un poteau à 75 Frs représentait donc une dépense conséquente, à fortiori plusieurs.

Ceci dit, et pour être précis, seuls les chemins vicinaux étaient à la charge des communes, les Routes Royales au compte du trésor, les départementales au compte des départements. Et les chemins vicinaux n’étaient officiellement toujours pas concernés par les poteaux indicateurs.

Ci-dessous, les deux textes en questions, celui de Cambacérès et celui de Dumas

. Egalement la lithographie de Dupont jointe à ces notes. 

 

 

 

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La note de Dumas sur les teintes préconisées.

 

 

 

 

 

 

 

La note de Cambaceres ci-dessous.

     

La lithographie ci-dessous:

    

 

Nous trouvons dans le manuel des aspirants au grade d’ingénieur des pont et chaussées, publié en 1856, des instructions précises pour la construction de ces divers panneaux. Ce sont des reprises avec quelques variantes des notes de Cambaceres et Dumas.

Manuel 1836 -1-

 

 

 

Ci-dessous cliquez sur les éléments de la planche:

  

Ces instructions nous instruisent néanmoins sur sur plusieurs points:

-les lettres pour les tableaux en fonte ou en zinc pouvaient être peintes ou en relief (travail de fondeur).

-l’angle des panneaux doivent correspondre à ceux des routes qui se croisent.

-les poteaux sont en deux parties boulonnées l’une à l’autre, la partie haute supportant les tableaux.

-les indications de distance et de lieux sont celles des bourgs les plus proches et/ou les plus importants. Devaient y figurer aussi le lieu d’implantation du poteau et la désignation de la route.

A noter qu’il est conseillé de faire figurer la désignation de la route grâce à des feuilles métalliques rapportées. En effet, la création de chemins de grande communication étant en plein essor, le type de voies (Royales, Impériales, Nationales) pour une même route variant en fonction des régimes,  il suffisait alors dans le cas d’une modification de remplacer uniquement la feuille métallique tout en conservant le panneau.

Feuille métallique rapportée   

 

      Par contre pour les plaques apposées sur les murs, il était conseillé de ne pas y faire figurer la classe ni le N° de la route, ces indications n’étant pas indispensables. Néanmoins, une couleur par type de route était conseillée, tant pour les poteaux que pour les panneaux:

 

-rouge pour les routes impériales (appelées ensuite les voies de grande communication)

 

-jaune pour les départementales ou stratégiques (Les routes stratégiques ont été mises en place par une loi de 1833 et concernent particulièrement l’ouest de la France.)

 

-bleus pour les chemins vicinaux. (qui administrativement ne sont toujours pas concernés)

 

 

1859: extension aux chemins vicinaux

 

                                                                       

 

C’est un courrier adressé aux préfets, en date du 19 août 1859,  et signé du Duc de Padoue, Ministre  Sécrétaire d’Etat au département de l’Intérieur, qui étend l’implantation des poteaux et tableaux aux chemins vicinaux. 

Ce courrier est pour le moins étonnant, non pas sur le fait que l’implantation soit étendue aux chemins vicinaux, mais sur l’obligation qui est faite de porter les distances séparant les bourgs aux chef-lieux ou autre cité administrative, uniquement parce qu’il avait vu des panneaux de ce type en Italie. Leur objectif initial était bien de permettre aux voyageurs de se diriger et de connâitre les distances qui les séparait des communes avoisinantes. 

Peut-on considérer cette note aux préfets comme la déclinaison d’une lubie de l’empereur Napoléon III ? Sans aucun doute, d’ailleurs, rares furent les départements qui se plièrent à cette directive, les plus en pointe étant la Drôme et la Sarthe avec ces plaques dites de situation. 

 

Une plaque déclinaison directe de la circulaire Padoue dans la Drôme implantée entre 1861 et 1863  – Photo de Boris Jacopin –

 

Dans la Sarthe cette fois, plaque plus traditionnelle mais reprenant les directives Padoue

Photo Nicolas Jamois

 

Mais ces plaques ne se sont nullement substituées aux plaques de cocher traditionnelles qui sont les seules à réellement pouvoir renseigner le voyageur. 

Par contre, dés l’année 1859, et conformément à la même circulaire, de nombreux Conseils Généraux ont pris la décision d’étendre l’implantation des tableaux ou poteaux aux chemins vicinaux. 

Ci-dessous la lettre en question, cliquez pour grand format:

 

 

 

 


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