Voici une plaque de Distances Légales, elles sont caractéristiques au département de la Drôme. Générées par une circulaire napoléonienne de 1859, elles furent installées en ce département entre 1860 et 1863, une par commune, soit 369 plaques.
Selon l’arrêté administratif du 17 avril 1861 établi par le Préfet de la Drôme (M. Ferlay) elles devaient être:
en fonte, peinte en couleur bleue, avec inscription blanche; elle sera cloutée contre la mairie, contre l’église ou contre un mur de la place publique la plus centrale de la commune.
Vous trouverez les photographies des documents officiels sur le site de Alexandre Costantini.
Par contre ce qui n’est pas précisé est le fabricant de ces plaques. Le certificat pour paiement a été établi par l’agent-voyer Moinot le 7 novembre 1862. La facture est adressée aux Sieurs LONGUEVILLE et Cie, Entrepreneurs, pour la confection (et non pas la fabrication) des plaques communales.
Document AD26 – Photographie: Alexandre COSTANTINI
On peut s’interroger sur cette notion de « confection« . Quel était réellement le métier de la société Longueville? Etait-elle capable de fabriquer de telles plaques, que l’on ne rencontre nulle part ailleurs et qui resteront uniques ?
Voici un extrait d’une publicité découpée du journal Courrier de la Drôme et de l’Ardèche, daté de 1860.
Nous y apprenons que CH. LONGUEVILLE & Cie étaient des marchands de fer et qu’ils avaient un magasin de vente à Valence (Place St Félix) ainsi que des ateliers de mécanique et de construction: quartier de la Table Ronde, sans doute également à Valence.
Nous y apprenons aussi qu’ils proposaient entre autres travaux et produits un grand choix d’ornements en fonte. Les plaques communales ont un caractère ornemental évident.
Et maintenant prenons connaissance de cet en-tête de lettres, daté de 1869, quelques années donc après la fabrication de ces plaques:
Collection personnelle Patrick Rollet
On s’aperçoit que CH. LONGUEVILLE n’est pas un simple marchand de fers mais qu’il exerce aussi le métier de ferronnier. En rapprochant la publicité précédente, on peut dire sans trop de risques d’erreurs que nous avons là une Ferronnerie d’art.
Donc la question est la suivante: une ferronnerie dans le milieu du XIXème peut-elle réaliser de A à Z ce type d’ouvrage ? Ou bien à-t-elle commandé les différentes parties de cette plaque, les a assemblées… et dans ce cas à quelle fonderie les a-telle commandé ? (en sachant qu’en 1862 le brevet Bouilliant sur les lettres en relief était tombé dans le domaine publique depuis un an, que d’autres fonderies -notamment Varigney- étaient capable de les fabriquer sans problèmes). Ou encore, troisième hypothèse, s’est-elle livré à un travail conjoint avec une fonderie, par exemple les formes effectuées à Valence, les lettres par une fonderie ?
Et c’est une sacré bonne question !
Vous découvrirez en suivant ce lien 30 nouvelles plaques en Drôme sur une sixième page: