Il n’est pas anachronique d’utiliser une carte des arrondissements de Lyon pour classer les plaques directionnelles et routières de la capitale des Gaules. En effet, le décret portant création des cinq premiers arrondissements date du 24 mars 1852. Plusieurs anciennes communes furent intégrées de fait dans ce découpage. Sur la carte ci-dessous sont colorisées les anciennes communes avec en légende leur année d’intégration à la ville de Lyon.
Si initialement en 1852 il n’y avait que 5 arrondissements, des subdivisions en 1867, 1912, 1959 et 1964 aboutirent au découpage actuel en 9 arrondissements. Notons également que lors de la création en 1851 de l’agglomération lyonnaise, les communes iséroises de Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Bron et Vénissieux intégrèrent le département du Rhône.
-La carte aménagée par mes soins permet de visualiser les communes et leurs années d’intégration-
Les arrondissements de Lyon ci-dessus sont sur une carte aménagée de la Cartothèque de la Ville de Lyon. Elle est orientée comme toutes les cartes modernes vers le Nord. Par contre la carte de 1890 (découpée pour lisibilité) est orientée avec l’Ouest en haut. L’est est donc en bas, le mot orient signifiant l’Est. Voici cette carte en entier:
Cette plaque marquant le début du Chemin Vicinal Ordinaire N°7 se situait Avenue Sidoine Apollinaire (nom donné à cette voie en 1927), intersection avec la rue Marietton. La rue Marietton de 1824 à 1957 n’était autre que le tracé originel de la Nationale 7. Et ici ce tracé servait de frontière entre Lyon et la commune voisine d’Écully. Le nom de ce chemin vicinal était donc de St Just à St Simon. Si nous sommes actuellement dans le 9éme, à l’époque de la mise en place de cette plaque nous étions bien à Lyon mais dans le 5ème. D’après les archives de la ville, cette voie fut construite à partir de 1859.
Photographie: Jean-François LOBREAU
Voici une seconde plaque sur l’ancienne Route Départementale N°12, à l’angle de l’Avenue Berthelot et du Quai Claude Bernard. Cette route allait de Lyon à Heyrieux, elle fut déclassée en 1887, elle devînt alors le Chemin de Grande Communication N°12bis. Nous lisons sur la plaque qu’elle flèche la limite du département à 7kms1. Il s’agit de la frontière intercommunale avec la commune de Vénissieux (à hauteur de La Femme Morte), laquelle était iséroire jusqu’en 1851.
C’est à partir de 1860 que cette Départementale emprunta l’avenue Berthelot (à l’époque avenue des Ponts Napoléon puis des Ponts-du-Midi) et aura son origine sur la Route Impériale N°88 (laquelle avait elle-même son origine au Pont de la Guillotière). La dénomination de cette voie devînt alors de Lyon à Heyrieux (en ramplacement de La Guillotière à Heyrieux). Cette portion était considérée comme un prolongement de la Départementale N°12.
Photographies: Pierre DURIEZ – Rémi GRODZKI (2022)
Voici une plaque qui était sur le Chemin de Grande Communication N°10bis, autrement dit avant 1887, la route Départementale N°10. La plaque est donc postérieure à 1887. Cette voie allait de Lyon à La Mulatière. Elle rejoignait la Nationale 86 à hauteur de La Mulatière, cette Nationale faisant à cet endroit tronc commun avec la N88.
Le Pont d’Ainay a été écroulé le 3 septembre 1944. Il figure sur la carte. La plaque sur le Quai Fulchiron longeant la Saône à l’angle du Square du Lieutenant de Police Patrice Fillon.
Photographie: Jean-Pierre FEVRE
A cinquante mètres du Pont Lafayette, Cours Lafayette, intersection avec le quai du Général Sarrail, une plaque initialement sur le Chemin de Grande Communication N°11bis. Cette voie fut créée en 1887 suite au déclassement de la route Départementale N°11. Le Cours Lafayette, nommé ainsi dés 1831, était à l’origine sur la commune de La Guillotière mais quand cette plaque fut mise en place, seconde moitié du XIXème, nous étions bien à Lyon.
Le C.G.C N°11 bis ex Départementale 11, partait du Pont Lafayette pour rejoindre le département de l’Isère sur une distance de 4kms. Telle était son appellation dés son origine, laquelle aurait due être modifiée dés 1851: en effet à 4 kilomètres cette voie rentre dans Villeurbanne, laquelle intègrera le département du Rhône cette année là.
En 1877, le Sieur Peyronner devant exécuter la rechargement de cette route entre la Cité Lafayette et Villeurbanne, à cours de matériaux de cailloux siliceux, introduisit une partie de calcaire. En 1879 une chaussée en pavés d’échantillons fut construite entre la rue Ste Élisabeth et le fossé d’enceinte (soit 611 mètres). Cette démarche fut réitérée en 1886 en ramplacement de bandes macadémisées.
Rue du Bourbonnais, intersection avec la rue de Marietton, tracé originel de la Nationale 7, sur le Chemin d’Intérêt Commun N°27, Pont d’Ècully, une plaque. Nous sommes à la frontière entre les communes de Lyon, Ècully et Tassin-la-Demie-Lune mais aussi sur l’ancienne commune de Vaise ayant intégré Lyon en 1852. Le C.I.C N°27 allait de Vaise (commune précitée) à Lozanne, 15 kms plus an nord. Le Pont d’Écully emjambe le ruisseau éponyme.
-Nous sommes sur la Nationale 7 (Rue Marietton), la plaque sur la première maison de la rue du Bourbonnais à droite (non visible)-
Photographie / Localisation: Sébastien GATHIER – Francis MERLE
La rue de Fayolle forme la limite entre Lyon et Saint Cyr qui en occupe le coté nord. A son intersection avec la Route de Lyon (D21) une plaque du côté lyonnais est fixée sur le Pavillon Fayolle datant de 1792. Nous étions sur le Chemin de Grande Communication N°21, il allait de Vaise à St-Cyr-au-Mont-d’Or. Ancienne commune de St Rambert-l’Île-Barbe.
La quai Jaÿr est sur la Saône directement accessible en empruntant la rue St Cyr, toujours sur le C.G.C N°21.
hotographies: Maéva SYEIRES – Jean-François LOBREAU
De La Guillotière à Crémieu, tel était effectivement l’appellation* du Chemin de Grande Communication N°29. Il s’agit d’une plaque de situation indiquant que nous sommes sur le parcours de ce CGC. Au 8 Cours Richard-Vitton. Nous sommes sur la frontière intercommunale entre Lyon (3ème arrondissement) et Villeubanne. Mais avant la création des arrondissements (1852) nous étions sur la commune de La Guillotière, ceci expliquant sa dénomination.
(*)Ce chemin fut classé par délibération du 3 septembre 1852. Il partait de la place du Marché de la Guillotière à Lyon pour rejoindre la limite du département, aux Sept-Chemins, direction Crémieux en Isère. Il traversait donc les communes de Lyon , Villeurbanne, Vaulx-en-Velin et Bron. Sa longueur est de 6120 mètres, son entretien étant assuré entièrement par le département (8488frcs en 1880). Ensuite son entretien fut réparti entre les communes traversées, Lyon assurant 91% des dépenses.
Photographie: Jean-Luc JEANNE
QUARTIER DE TERRE-NEUVE |
Les plaques 8 et 9 sont dans le quartier de Terre-Neuve.
La rue Nicolas Sicard au début de laquelle est fixée cette plaque fut appelée Rue de Terre-Neuve jusqu’en 1935. Il s’agissait d’un Chemin Vicinal Ordinaire portant le N°36. Nous sommes dans le 5éme arrondissement, à la frontière interdépartementale avec Tassin-la-Demie-Lune. Cette courte voie faisait la jonction entre deux Chemins d’Intérêt Commun, le N°3 de Ste Irènée (ou St Just selon les époques) au Pont d’Alaï, et le N°49 de Pont-du-Jour à St Consorce. Aujourd’hui rue Joliot Curie à l’Avenue de Ménival.
Notons que la commune de Tassin avait elle aussi un Chemin de Terre-Neuve, il s’agissait du Chemin Vicinal Ordinaire N°3bis (1871). Cette même année 1871, il fut décidé de prolonger le C.I.C N°49 avec les deux chemins de Terre-Neuve (N°36 et 3bis) et renommer ce chemin ainsi allongé: du Point-du-Jour à Ste-Consorce-et-Marcy.
Photographie: David THOMAS
Quartier de Terre-Neuve, à la limite inter-communale entre Lyon et Tassin-la-Demie-Lune, Avenue de Ménival, intersection avec la rue Joliot Curie. Nous voyons sur la carte que la voie s’appelle de Ste Irènée à l’Étoile d’Alaï. Il s’agit du Chemin d’Intérêt Commun N°49, il fut également appelé du Point-du-Jour à St Consorce (1897).
Photographie: David THOMAS
Rue de la Favorite, intersection avec la rue Benoist Mary. Quartier de Ste Irènée, la plaque marque sur le Chemin Vicinal N°13 de la Favorite l’intersection avec le CVo N°42 dit des Grandes Terres. En 1875 des travaux d’entretiens (élargissement) furent effectués sur cette voie. En 1879, il fut demandé « que la Compagnie des Eaux desserve ce chemin et qu’on établisse des bouches d’arrosages dans ce quartier populeux (sic) ».
Photographie: David THOMAS
Le tracé de la ligne de tramway est sur cette photo du début du XXème siècle bien visible. La largeur entre les bords intérieurs de la voie était de 1 mètre. Conformément au cahier des charges établi en 1898, les voies de fer sont posées au niveau du sol, sans saillies ni dépression. Était spécifié le tracé: au départ de la gare de Lyon St Just (…), empruntera les voies publiques rue et place du Trion, Chemin Vicinal ordinaire N°13 de La Favorite, Chemin d’Intérêt Commun N°3, Chemin Vicinal Ordinaire N°34 des Mures, Chemin d’Intérêt Commun N°25 de Ste-Irènée à Malataverne jusqu’à Francheville-le-Haut. (le tracé sur la carte est matérialisé par un tiret-point-tiret de couleur mauve.)
Avenue du Point du Jour, c’est à dire à l’époque le Chemin d’Intérêt Commun N°3:
Le Chemin vicinal d’intérêt commun n° 3:
– A été dénommé chemin de Tassin-de-Grézieu-la-Varenne-et-d’Iseron-à-Lyon en 1734.
– A été aussi appelé chemin de l’Étoile-d’Alaï.
– A été dénommé chemin de Saint-Irénée-au-Pont-d’Alaï.
– Un fragment a changé de dénomination en 1936 : est devenu l’avenue de Point-du-Jour.
– A changé de dénomination en 1959 : est devenu la rue Joliot-Curie.
La plaque marque l’intersection avec la rue du Commandant Charcot, il s’agissait du Chemin d’Intérêt Commun N°25 de St Irènée à Malataverne. Nous lisons sur la plaque que la Nationale 89 est à 3km5, nous la trouvons effectivement à Tassin (voir carte de Terre-Neuve).
L’une des plus anciennes plaques directionnelles à Lyon (avec celle sur la Départementale 12).
Le point de départ pour le calcul du kilométrage des routes de la région est situé sur la Place Bellecour de la même manière qu’à Paris il est situé sur le parvis Notre-Dame. La Place Bellecour (dénommée ainsi depuis 1658) est au coeur de la ville historique avant que celle-ci ne soit agrandie avec les communes intègrées. Mais ce point n’est pas matérialisé et sa création n’apparaît nulle part (même dans l’histoire Monumentale de la Ville de Lyon). Je suis preneur d’information sur le sujet.
Références:
Nouveau Plan Topographique (1890) de la ville de Lyon dressé par P. Marchisio
Nouveau Plan de la ville de Lyon (1875) dressé par M. Bouteille -Agent Voyer en Chef.
Rapports et délibérations (Conseil général du Rhône) de 1836 à 1943
Archives Municipales de Lyon: Index des voies de Lyon mise à jour en 2022 proposé en Open data.
Bulletin des Lois de la République Française second semestre 1898 (Cahier des Charges Pges 275 à 282)
Archives Département du Rhône (Réseau Routier).
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