BAGNEUX – Signalétique au XIXème siècle

Bagneux, anciennement dans le département de la Seine, ne possède plus de plaques directionnelles en fonte, pas plus que de plaques en lave émaillée. Il faut dire que le territoire de la commune a été  réduit de plus de la moitié de sa superficie dans le courant du XIXème siècle suite aux transferts vers d’autres communes environnantes. En 1851 , le Fort de Montrouge, initialement sur la commune, fut transféré non pas à Montrouge, mais à Arcueil. Mais une partie conséquente du territoire fut acquise par la commune de Paris: le 22 mai 1884  est décrètée l’acquisition de ce qui allait devenir le cimetière de Bagneux, 67 hectares destinés à inhumer les habitants de 5 arrondissements parisiens. Ainsi les lieux-dits de Fosse Brunette, de Basse Vallée et du Prunier Hardi disparurent. 

La borne au 58 rue Henri Ravera.

Et donc cet article n’aurait dû jamais voir le jour. Pourtant la photographie d’une borne kilométrique directionnelle que l’on m’envoya il y a quelque temps suscita quelques interrogations, notamment sur son existence et sur sa date de fabrication. La voici:

Photographie: Marie-Hélène BLONDE

Les indications gravées sur cette borne correspondent à peu près aux indications fournies sur l’ordonnance du 21 juin 1853, sinon le fait qu’il ne semble pas y avoir de gravures sur les faces latérales. Notons toutefois que cette circulaire avait pour objectif d’uniformiser les indications en mettant un terme aux changements que « les ingénieurs se croient de faire subir au système exécuté par leur prédecesseur » (1). Cette borne en pierre est possiblement antérieure. Je n’ai pas trouvé sa trace dans les délibérations du Conseil Municipal de la commune de Bagneux mais  n’ayant pas tout développé il se peut que cette borne date du début du XIXème. 

Les bornes en pierre de cette époque était souvent fabriquées localement. Ce fut sans doute le cas pour celle ci, en effet un grand nombre de carrières de calcaire étaient exploitées sur la commune. Cette exploitation et notamment le transport des matériaux entrainait une dégradation conséquente du réseau routier; ainsi toutes les exploitations avaient pour obligation de contribuer à l’entretien des routes empruntées, une obligation contractualisée tous les trois ans et basée financièrement sur le trafic réel des carriers, platriers et moellonniers. Il était d’aprés les archives assez facile de déterminer les quantités transportées par les carriers, plus difficile pour les moellonniers. Certains exploitants allaient jusqu’au procés en cas de désaccord. 

-Les carrières au début du XXème. Certaine furent transformées en champigionnières-

Indiqué au sommet de la borne :  C.V 46. Un Chemin Vicinal qui ne devînt après maintes demandes (notamment celle du Sous-Préfet) que Chemin de Grande Communication N°46 que le 10 octobre 1868 aprés avis de la Commission Départementale de la Seine. La voirie du territoire de la commune de Bagneux en 1868 comportait donc la Route Impériale N°20 (de Paris à Toulouse), celle-ci délimitant la partie est de la commune (Arcueil). Le Chemin de Grande Communication N°56 allait d’Arcueil à Clamart. Le reste du réseau viaire était réparti en quatre Chemins Vicinaux Ordinaires, le N°1 de Bagneux à Fontenay, le N°2 de Bagneux à Paris, le N°3 de Bourg-la-Reine à Fontenay et le N°4 de Vanves  à Arcueil. Par arrêté préfectoral du 18 mai 1868 fut érigé en CVO avec le N° 5 la Voie de Bièvre.  Et pour être complet, outre le Chemin de Bièvre il y avait un autre chemin rural, la voie de Port Galand. Ce type de chemin pouvaient être entretenus par les riverains regoupés en associations syndicales. 

-Entre Route Départementale et Route Nationale,  Bagneux n’est traversé que par le CGC transversal N°56 -1860-

Et donc qu’en est-il de ce Chemin N°46 jallonné par cette borne ? Il s’agissait de la rue Galande absorbée en 1869 par le chemin de Paris à Sceaux par Montrouge, Bagneux et Fontenay-aux-Roses. Nous lisons effectivement sur cette borne qu’une flèche indique la direction de Paris, à 3 kilomètres. Il ne s’agit pas de la distance mesurée jusqu’à Notre-Dame, nous ne sommes pas sur une voie Royale. Cette distance correspond à la limite de la ville de Paris, Porte d’orléans, c’est à dire comme le précise la circulaire de 1853, la limite du département voisin. 

Les rues de la commune de Bagneux on fait l’objet de décisions communales portant non seulement sur la texture de la chaussée mais aussi sur la signalétique. En 1835, le Conseil Municipal établissait un ordre numérique des bâtiments, pair d’un côté, impair de l’autre, la numérotation physique étant à la charge des propriétaires.

1835        Alimentation en eau .

Cette même année l’entreprise Chameroy (2) obtient l’autorisation d’installer sous le sol des rues et voies des tuyaux d’alimentation d’eau. En contrepartie, elle devra ériger deux bornes fontaines dans la commune avec deux lignes d’eau continue. Edmée-Augustin Chameroy était un inventeur, initialement d’instruments de musique, puis de tuyaux bitumés.  Il fait construire une usine dans le sud de Paris afin d’exploiter son brevet sur les tuyaux et, ayant un grand besoin d’eau, il obtient l’autorisation de puiser celle de la Seine. Ce sont deux ordonnances royales, l’une du 26 novembre 1836, l’autre du 22 mars 1837, qui règlent les conditions de fourniture à la commune de Bagneux de l’eau captée dans le petit bras d’Issy, entre les îles Panckouke et Seguin. 

1848      Panneaux Entrée et Sortie de commune .

Lors d’un Conseil Municipal de 1848, il est fait mention du vote du Conseil Général de la Seine portant sur l’allocation d’un crédit devant être employé à la pose de poteaux indicateurs de nom de ces routes (sic). En outre, un voeu porta sur la nécessité d’apposer des écriteaux aux entrées et  sorties de la commune portant son nom. Ce voeu fut suivi puisque des écritaux furent installés à l’entrée de la route de Petit Bagneux à Vanves, à l’entrée de la voie de la Bièvre ainsi que sur celle du Port-Galant. 

1858      La rue Morisseau est macadamisée .

Et en 1855 la route de Bagneux à Paris (avec la traversée de Montrouge et Fontenay ainsi que celle de Sceaux) furent pavées. (la rue des Fossés avait été pavée en 1836). En ce qui concerne les matériaux, des adjudications portaient sur l’achat d’anciens pavés de la ville de Paris. Mais ces pavés étant trop souvent cassés les contrats furent remis en cause, souvent remplacés par des achats de pavés neufs (3).  Trois ans plus tard, en 1858, la rue Morisseau fut macadamisée. 

1869    Des plaques d’interdiction de mendier sont apposées dans la commune .

Cette voie (anciennement rue Galande donc) fut élargie en 1869. Cette même année furent implantés des poteaux indicateurs à le demande du Conseil Municipal.

D’autre part, aux quatre entrées de la commune, on apposa des plaques d’interdiction de mendicité: entrée rue de Paris, rue de Châtillon, rue Fontenay, et Route d’Orléans. ‘

1872       Plaques de rue & plaques de numérotation des maisons .

 

Avait été décidé d’apposer des plaques, et sur les maisons pour la numérotation, et pour les rues avec leur nom.  Il existait déjà des inscriptions gravées. 

Photos provenant du site Base de données du Patrimoine français (Site non sécurisé)

En 1872 il s’agissait de mettre en place des plaques identiques à celles de la ville de Paris, en émail bleu avec lettres et numéros blancs. Les plaques de rues étaient à la charge de la commune, les numéros à la charge des propriétaires des bâtiments (décret du 4 février 1803 – ordonnance du 23 avril 1823). Le budget de 500 francs auquel on abonda 500 francs de budget complémentaire fut donc destiné à l’achat de plaques émaillées fournies par la Maison Bauer, 15 rue Boulard à Paris. Le prix était de 6 francs pour les plaques de rues, 1 francs 40 pour les numéros. 

Un progrés en entraînant un autre c’est également en 1872 que l’on installa des becs de gaz sur Galande, un à l’entrée de la rue de Paris, deux autres rue Pavée (aujourd’hui rue de la Mairie) jusqu’à la voie des Maraîchers. 

L’ancienne rue de Paris, ancienne CGC 46 est devenue la D28, aujourd’hui la D128. 

(1) Cours de construction. Traité des routes, rivières et canaux. T. 1, Routes / par P. Berthot 1833 – 1898

(2) https://histoire-vesinet.org/chameroy-inventeurs.htm

(3) Délibérations du Conseil Municipal du 23 juillet 1870.

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Patrick Rollet
Author: Patrick Rollet

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