HISTOIRE DES PLAQUES DE COCHER EN MEURTHE-et-MOSELLE (de 1871 à 1921)

La guerre de 1870 est terminée. Suite au traité de Francfort le 7 septembre 1871 le département de Meurthe et Moselle est créé. Mais lourd sera l’effort de reconstruction. Cette guerre fut meurtrière et dévastatrice. Et le Conseil Général nouvellement constitué a du pain sur la planche. La situation des  indicateurs routiers, si elle n’est pas catastrophique, n’en reste pas moins préoccupante. Il faudra dans un premier temps une prise de conscience, ensuite, et compte tenu des dépenses à engager, étalées sur plusieurs budgets, passer à l’achat et à la pose de ces indicateurs. 

Les panneaux indicateurs ont fait l’objet de délibérations au sein de ce Conseil général. En voici une synthèse couvrant la période de 1871 à 1921.

Au 31 décembre 1871, uniquement aux embranchements des chemins vicinaux ordinaires, il y avait 526 Poteaux indicateurs et 637 panneaux indicateurs.
Au 31 décembre 1873, toujours aux embranchements des chemins vicinaux ordinaires, n’en subsistent que 504. Par contre le nombre de panneaux croît et passe à 679. 

 

LES SEANCES AU CONSEIL GÉNÉRAL DE MEURTHE-ET-MOSELLE

 

 

Y est présent Charles COLLARD, maire de Froloy et bien sûr membre du Conseil Général. Il ne fait pas partie de la Commission des Voies de Communications mais de la Commission Agriculture. Pourtant lors de cette session il appelle l’attention du Conseil sur le peu de solidité des poteaux indicateurs sur les chemins vicinaux. Il prend l’exemple du département des Vosges où les colonnes des poteaux indicateurs sont en fonte.

Le préfet étudie la question lui répond-on… (affaire à suivre).

 

 


Une session du Conseil voit une nouvelle fois l’intervention de Charles COLLARD, et toujours sur le même sujet:
les poteaux sont composés d’une faible tige incapable de résister au moindre choc, surmontée de deux plaques de tôles peintes à l’huile.
– De tous nos poteaux établis il y a huit ans seulement, la moitié a disparu, l’autre moitié illisible, donc inutiles.
– ouiii… je me souviens d’avoir demandé a ce sujet des renseignements à mon collègue des Vosges mais… il me semble me souvenir aussi que l’on m’a dit que les prix étaient assez élevés répond le Préfet.
-M. CHEVANDIER dit que dans ce cas il faudrait demander un crédit spécial.

Voilà, la discussion s’arrête là pour cette séance.

 


M. COLLARD ne voyant que rien ne s’est passé remet pour la troisième fois au cours des délibérations ce sujet sur la sellette:

– il attire l’attention sur la vétusté des poteaux indicateurs et dit qu’il y a des mesures à prendre. Il suggère (une fois de plus) que l’on s’inspire des poteaux vosgiens; ces poteaux sont en fonte, surmontés par deux ailettes fixés au moyen d’une clef et portant des inscriptions en relief.

-le Préfet répond qu’il s’agit d’une dépense de premier établissement et pas anodine (traduire: ça va revenir un peu cher!) Mais bon… si le Conseil Général s’associe au voeu de M. COLLARD (sous entendu: il commence à nous courir sur le haricot avec ses panneaux !!) je recommanderai l’étude de cette question auprés du service vicinal.

-M. PETITBIEN prend la parole: il appuie la demande de M. COLLARD; en effet lui-même a pu constater que plusieurs poteaux sont brisés, d’autres en fort mauvais état, sur le parcours de Toul à Blénod.

-M. VARROY soumet une idée: fabriquer des poteaux avec des vieux rails de chemin de fer. Et de préciser qu’il sont déjà perçés pour l’éclissage (il doit s’y connaitre…) ce qui permettrait de facilement fixer l’étiquette. (sic)

Ca commence à faire du monde au tour de la table qui s’intéresse au sujet. Les conclusions du rapport sont adoptées y compris est-il précisé les observations de M. COLLARD. (ce qui peut laisser supposer que ses observations des années précédentes n’ont pas du tout été notifiées)

 


Un tournant décisif dans l’affaire qui nous concerne…

En effet M. ROLLIN (chargé du dossier) expose une « Etude sur l’établissement de poteaux indicateurs en fonte aux embranchements des chemins vicinaux » !

Actuellement le coût des poteaux indicateur en Meurthe et Moselle varie selon les modèles:

– en fer avec tableaux en tôle peinte: de 30 à 36 Francs.

– en bois avec plaques en fonte et lettres en relief: de 20 à 25 Francs.

– en fonte (fûts et plaques) avec lettres en relief peintes: de 95 à 105 Francs.

Tous ces prix s’entendent avec transport et pose comprises.

Il existe un autre modèle: fabriqués à Champigneulles, poteaux et plaques en fonte, y compris transport et pose: de 80 à 85 Francs.

Les poteaux construits avec de vieux rails (M. VARROY redresse la tête !) outre qu’ils seraient forts laids (M. VARROY baisse la tête) ne présenteraient pas d’économie: selon les modèles de 32 à 40 ou de 24 à 30 Francs sans compter les transport, le percement des trous, la fourniture des plaques, la pose….Donc on oublie…

M. ROLLIN poursuit son exposé:

(…)l y aurait à remplacer sur les chemins de grande communication et d’intérêt commun 284 poteaux au prix de 80 Francs le poteau, soit un coût de 22720 Francs (le Préfet fait un bond sur son siège)
Pour les chemins vicinaux ordinaires il y a 539 poteaux à changer. (A noter que ce sont bien l’intégralité des poteaux qui devront être changés sur les chemins vicinaux ordinaires) soit 43120 Francs ! (le Préfet… ) mais…. ces poteaux seRont à la charge des communes concernées (le Préfet retrouve sa respiration).
L’agent-voyer estime qu’il n’y a pas lieu de changer tous les poteaux simultanément mais au coup par coup à chaque fois qu’un poteau en fer sera détruit ou endommagé.

Le choix de la commission est donc celui-ci:
-remplacer partiellement les poteaux actuels par des poteaux en fonte, modèle Champigneulles, lorsque qu’un poteau actuel sera endommagé.
-pour les chemins vicinaux ordinaires avertir les communes des prix et différents modèles.

Ainsi se termine la séance du 22 août 1877. M. COLLARD a été entendu.

Cette plaque, ultérieure à 1870, pourrait faire partie du contingent fourni par la fonderie localisée à Champigneulles à partir de 1877

Les commandes vont se poursuivre au fil des années: par exemple en 1883, 58 poteaux sont commandés.

Le réseau routier en Meurthe-et-Moselle a subi des dommages conséquents durant la Grande Guerre. Lors d’une séance de Conseil Général dans le courant de l’année 1921, soit 3 ans après la fin du conflit, un bilan est fait sur les panneaux indicateurs dans le département. Il ne subsiste que 938 poteaux indicateurs sur 1601 en 1914. Quant aux plaques proprement dites, 1193 subsistent sur 1429 avant la guerre.

Toutefois de nombreux poteaux ont été remplacés par l’armée et pour la plupart d’entre eux, donc en 1921, ils subsistent. La décision est prise de les maintenir en place, il pourrait s’agir des inscriptions peintes figurant sur certaines maisons. Ces inscriptions sont à destination des automobilistes.


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